Le développement des mobilités douces est l’un des axes majeurs de l’intercommunalité du Grand Paris Seine et Oise. Néanmoins, aux Mureaux, inégalités sociales et économiques compliquent le processus de démocratisation des véhicules électriques. Entre développement durable et durabilité sociale, l’équilibre reste à trouver.

Par Juliette Cruveilher, Solène Delaunay, Antoine Laizet, Lauralie Margalejo, Noéma Sabourin, Pierrick Thibault et Lucien Traumat.

En janvier 2016 la plus grande communauté urbaine de France a vu le jour : Grand Paris Seine & Oise, englobant un total de 73 communes et 400 000 habitants. La communauté urbaine a alors affiché son souhait de renforcer l’attractivité et le dynamisme d’un “territoire rayonnant tourné vers le développement durable”. Cette volonté de construire des lendemains plus durables s’impose comme un axe majeur dans la politique de la communauté urbaine. Au cœur de ce projet s'insèrent plusieurs dimensions dont la question centrale des mobilités électriques “vertes”, à l’exemple des voitures électriques et hybrides ou encore des trottinettes.

Alors même que les communes membres se trouvent assez éloignées des grands pôles urbains et de la capitale, GPSeO entend lier le développement de l’intercommunalité avec son engagement environnemental. Pour ce faire, l’exemple du plan d’action innovant des Mureaux est extrêmement parlant. En se concentrant sur les mobilités vertes et la mise en œuvre de projets d’aménagement urbain respectueux de l’environnement, la commune s’assure un développement économique et une attractivité plus importante.

Concrètement, une palette de projets significatifs a vu le jour aux Mureaux ces dernières années, à l’exemple de la mise en circulation de la navette électrique 100% autonome Navetty, qui est une première en Europe et soutenu par l’Ademe ; du développement de bornes de recharges pour véhicules électriques débuté depuis 2016 avec l’inauguration du booster Bécarre rechargeant en 20 minutes un véhicule électrique ou hybride ; ou encore du contrat avec TIER Mobility ayant permis de déployer 1000 trottinettes électriques sur l’ensemble de la communauté urbaine ainsi que de vélos électriques ; et finalement du projet Éole d’extension de la ligne de RER E, porté par GPSeO et Ile De France Mobilités.

Malheureusement, il semblerait que ce plan connaisse des limites en raison des problèmes liés aux différentes échelles de gouvernance.

<aside> 💬 Un point de vue critique concernant ce changement d’échelle

Conformément à ses ambitions en matière de développement durable, GPSeO a pris en main les projets en œuvre à son arrivée. Concernant les Mureaux, l’élu Bernard Mine* nous a affirmé que depuis 2016 : “La compétence transport est […] transférée à la communauté urbaine GPSeO” et que la commune ne possède donc “plus d’ingénieur transport”. Alors même que se centrer sur un plan de mobilité fort, efficace et adapté à la population est indispensable, l’élu explique que “la maîtrise de la mobilité n’est finalement que très partiellement l’affaire de la collectivité” et considère que cela est “à déplorer” car concernant les projets locaux le “premier interlocuteur [est] la Communauté Urbaine”.

Finalement, Bernard Mine n’estime pas que les Mureaux soit “un modèle car l’empreinte de la bagnole est toujours la même; c’est pour cela qu’en tant qu’élu j’ai quasi imposé le débat sur les trottinettes”.

*Afin de respecter l’anonymat de l’élu en question, Bernard Mine a été choisi comme nom de substitution.

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Toutefois, ce changement d’échelle comporte des avantages considérables : penser des projets de plus grande envergure, connecter des territoires de façon plus durable et bénéficier d’un budget plus conséquent. Qui-plus-est dans un contexte de réduction des dotations de l’État et de suppression d’une partie des ressources des communes avec la suppression de la taxe d’habitation.

GPSeO : un acteur majeur dans le développement des mobilités durables

L’un des leviers d’action principal du GPSeO pour la transition vers des moyens de transport plus durables est l’implantation de bornes de recharge pour les voitures électriques.  Cela se fait en collaboration avec le SDIRVE. Néanmoins, la répartition de ces bornes reste inégale sur le territoire, résultat, très probable de l’inégale répartition des véhicules électriques. Si la population des Mureaux représente 7,9% de la population de l’intercommunalité, la flotte de voitures électriques des Mureaux représente seulement 2,9% de la flotte totale à l’échelle du GPSeO.

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Il y a par conséquent un déséquilibre important. Cela se traduit par des investissements inégaux du SDIRVE à l’échelle des territoires de l’intercommunalité : 327 700 € vont être investis dans la commune d’Orgeval pour l’implantation de bornes électriques, alors que sa population est pourtant 5 fois inférieure à celle des Mureaux; contre 18 500€ aux Mureaux.

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Ce déséquilibre dans le rapport entre la flotte de voitures électriques et la population est dû aux caractéristiques sociodémographiques particulières de la ville des Mureaux par rapport au reste des communes de GPSeO.